Un jour d’octobre, une larve de « libellule déprimée », ainsi nommée parce qu'elle a un abdomen large et comprimé, était déprimée pour de vrai. Elle avait le cafard, à peine posée sur une brindille qui flottait sur le lac. Soudain, une punaise aquatique géante l’attrapa et la mangea. Tous ses amis l’avaient vu se faire manger par ce monstre qui venait d'arriver dans les parages.
Les insectes, terrorisés, commencèrent à discuter d'un plan qui était d’attaquer de front la punaise géante et menaçante. Gégé le gerris, quant à lui, s’en alla discrètement vers la mare, rejoindre ladite punaise aquatique qui était sa cousine.
Ephie l’éphémère les aperçut et vint prévenir les autres que Gégé le gerris était l'allié de la punaise. Ils devaient trouver un nouveau plan d’attaque pour vaincre le monstre.
Caliopé le calopteryx occitan eut une idée. Pourquoi pas l’enfermer ? Lulu le lucane cerf-volant suggéra un tronc d’arbre en guise de prison : une larve de son espèce pouvait creuser un trou dans du bois de chêne. Ephie proposa de faire l’appât. Le plan était lancé.
La larve de lucane commence à creuser un trou dans l’arbre pendant que Lulu prélève de la mousse qui servira pour empêcher la punaise géante de ressortir. Ephie l’éphémère se prépare mentalement à jouer le rôle du leurre, elle essaie de ne pas avoir peur.
Enfin, tout fut prêt pour attirer la punaise géante.
Cette ogresse s’approcha lentement vers le piège, sans se méfier, prête à dévorer Ephie qui se faufilait dans le trou.
C’est ainsi que l’insouciante prédatrice tomba dans le guet-apens pour
le plus grand bonheur de toute la tribu. Ephie s'échappa par un tout petit tunnel au fond du trou et revint à l'air libre. Mais la punaise géante était trop large pour s'y glisser. Tandis qu'elle essayait, avant qu'elle fit demi-tour, Lulu poussa toute la mousse qu'il avait récoltée pour condamner l'entrée.
Et les amis insectes n'entendirent plus jamais parler de la punaise aquatique géante.
Quant à Gégé le gerris, il fit mine qu'il ne la connaissait pas. Sacré Gégé !